Monnaies carolingiennes



Atelier de Limoges

1a. Type de 771-793/4 : la standardisation des types monétaires perceptible à la fin du règne de Pépin le Bref et au début de celui de Charlemagne se poursuit. L'atelier de Limoges suit le type dominant avec le nom du roi sur 2 lignes au droit et les lettres LEM sur 1 ligne au revers.
 
Denier de Charlemagne (768-814)
Gariel VII 64-67 / Prou 773-774 / Depeyrot 502 / MEC classe 2, n° 725 / MG 260-261


D/ CARO-LVS en 2 lignes
R/ Trait prolongé par 3 petits globules (fleur ?) - LEM - X
Nombreuses variétés de légende, ponctuation et gravure.
Prou 773 /
Kluge n°108-109

D/ CARO-LVS en 2 lignes
R/
Trait prolongé une croisette bouletée - LEM - S (couché)
Prou 774 / Kluge n°110-111

Paris (Prou 774)  1,31g                           Berlin (Kluge 111) 1,14 g



Variante à légende rétrograde
D/ CARO-LVS en 2 lignes
R/
Trait prolongé une croisette bouletée vers la droite - MEL - S (couché)
Inédit

Vente Elsen 139-351 1,1 g
Denier de Louis le Pieux, roi d'Aquitaine (781-814)
Depeyrot 503

D/ CHLOD-VICS en 2 lignes
R/ LEM - X
Rarissime (quelques exemplaires connus)
Semble avoir été frappé en 781 à l'occasion du couronnement du jeune Louis (2 ans) comme roi d'Aquitaine, à Rome par le pape Hadrien.
Voir Lafaurie J. (1967), "Un denier de Limoges de Louis roi d'Aquitaine", BSFN, 184-185.
Exemplaire de la
vente Kölner Münzkabinett 81, 23.iv.2004, lot 270.


D/ CHLO - D - VIC (rétrograde) en 2 lignes
R/ Croix bouletée - LEM - V
Exemplaire du Münzkabinet de Berlin (Kluge n°112).

 



 



1b. Type de 793/4-813/4 : un même type est utilisé par la quasi totalité des ateliers. Au droit, le nom du roi autour d'une croix ; au revers, le nom de l'atelier autour du monogramme carolin. C'est ce type qui a été repris quelques décennies plus tard par Charles-le-Chauve.

Denier de Charlemagne (768-814)
Gariel - / Prou - / Depeyrot - / MEC - / MG -

 D/ + CARLVS R[EX] FR : croix
R/ + LIMODICA[S] : monogramme

Inédit (un seul exemplaire découvert dans le Var). Limoges est donc le 41e atelier connu pour cette émission au monogramme qui caractérise la deuxième partie du règne de Charlemagne.

Voir l'article de S. Coupland dans le BSNL XXIV de février 2017.




3a. Type de 840-864 : après la période 822-840 marquée par la disparition des noms d'ateliers et la diffusion abondante du seul type au temple avec la légende XRISTIANA RELIGIO, on revient à des modèles plus divers (croix, temple, monogramme) avec le plus souvent mention de l'atelier.


Denier de Pépin II roi d'Aquitaine (839-852)
Gariel XX, 9 / Prou 775 / Depeyrot 505 / MG 612
D/ + HPIPINVS REX : croix
R/ + LIMOVIX : croix
Deux exemplaires connus, issus d'une même paire de coins.


Obole de Pépin II, roi d'Aquitaine (839-852)
Gariel XX, 10 / Prou 776 / Depeyrot 506 / MG 613
D/ + PIPINVS REX : croix
R/ + LIMODICAS : croix
8 exemplaires connus

A noter cet exemplaire découvert dans l'Indre, frappé avec 2 coins de revers.
Voir Parvérie M. & Frugier C. (2015), "Une obole de Pépin II d'Aquitaine frappée à Limoges avec une double légende de revers", BSNL, tome XXII, p.10-17.

Denier de Pépin II roi d'Aquitaine (839-852)
Inédit
D/ + PIPINVS REX : croix
R/ + LIMO-DICAS en 2 lignes
Un seul exemplaire connu, 1,85 g / 21 mm.


Obole de Pépin II, roi d'Aquitaine (839-852)
Gariel XX, 11 / Depeyrot 504 (attribué à Pépin Ier) / MG 611
D/ + PIPINVS REX : croix
R/ + LIMO-DICAS en 2 lignes
Quatre exemplaires connus, dont Berlin, trésor de Roermond et Maastricht (Pays-Bas).
La présence de cette obole dans le trésor de Roermond daté de 853-4 plaide en faveur d’une attribution à Pépin II.




Voir Coupland S. (1989), "The coinage of Pippin I and II of Aquitaine", Revue Numismatique, 31, Paris, 194-222. Pour Simon Coupland, le seul type pouvant être attribué à Pépin Ier est celui au buste et au temple portant la légende AQUITANORVM (Prou 665 ; Depeyrot 176). Les autres doivent être considérées comme des émissions de Pépin II, notamment celles de Limoges.
Ces monnaies ont toutes été frappées dans les années 845-848.


Denier de Charles le Chauve (840-877)
Gariel - / Prou - / Depeyrot - / MG - / MEC -
D/ + CARLVS REX FR : croix
R/ + LIMODICAS : monogramme

Un seul exemplaire découvert récemment en Poitou de ce type inédit. Il est à dater soit du tout début du règne
de Charles-le-Chauve (avant 845), soit de la reprise de contrôle de Limoges en 848.
Voir l'article dans le BSNL XXIV de février 2017.

 

 

3b. Type de 864-875, définit par l'Edit de Pître de 864 : monogramme au droit avec le nom du roi et au revers le nom de l'atelier autour d'une croix. Les anciennes monnaies sont retirées de la circulation et refondues. Les nouvelles monnaies ont toutes un aloi supérieur à 90%.

Denier de Charles le Chauve (840-877)
Gariel XXIII, 57 et L,37 / Prou 776a / Depeyrot 508 / MG 1421 / MEC classe 1d
D/ + CARLVS REX R : monogramme
R/ + LIMOVICAS CIVIS : croix
Très rare.
Trésor de Cuerdale (R-U), pl.5 n°61.

NB : la variante
MG 1422 / Depeyrot 507 (avec REX FR et CIVI au revers) semble provenir d'une confusion de Gariel entre ses types XXIII,57 et L,37, qui sont en fait identiques.

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4. Type de 879-887 : cette émission de Carloman II se situe encore dans la continuité du type de l'Edit de Pîtres, avec l'association monogramme (mais au revers avec l'atelier) / croix (au droit avec le nom du roi).

 
Denier de Carloman II (879-884)
Gariel XXXIX, 11 / Prou 777 / Depeyrot 509 / MG 1201
D/ + CARLOMAN REX : croix
R/ LIMOVX CIVIS : monogramme
Rare. 21 exemplaires dans le trésor de Bonnevaux (86) ; au - 12 dans celui de Corrèze (19) ; 7 dans celui de Cuerdale (R-U), pl.6 n°79.

Quelques variantes mineures de légende de droit, avec notamment RE+ ou ERX ou des légendes rétrogrades.
Variante de revers : légende rétrograde ; LIMOVX CAISI ; IILMOX CIVI.
Quatre formes de monogramme ont été répertoriées :



Voir Parvérie M. (2022), « Les deniers de Carloman II (879-884) de l’atelier de Limoges : étude d’une trouvaille corrézienne », BSNL XXIX, février 2022, pp. 13-18.

Obole de Carloman (879-884)
Gariel XXXIX, 12 / Prou 778 / Depeyrot 510 / MG 1202
D/ + CARLOMAN RX : croix
R/ LIMOVX CIVIS : monogramme
Très rare. Un exemplaire dans le trésor de Bonnevaux (86).

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5. Type de 887-898 : le type dominant associe la légende ODO (au centre avec des croisettes) GRATIA DEI REX (circulaire) au droit et une croix au revers.
Denier d'Eudes (887-898)
Gariel XLVII, 26 / Prou 779-785 / Depeyrot 511 / MG 1332 / MEC 973-976


a) Type du règne d'Eudes
D/ + GRATIA DEI REX : + ODO (avec des O cruciformes) +
R/ LIMOVICAS CIVIS : croix
Poids élevés : 1,7 g en général (1,49 à 2 g).

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Variantes de légende de revers :

- S de CIVIS rétrograde : Prou 779-781 / PA 2277
- idem et L de LIMOVICAS avec la barre horizontale décalée vers le haut : Prou 782
- idem, sans le I (LMOVICAS) : Prou 784-785 / PA 2278
Ces différentes variantes sont présentes dans les trésors de Saint-Yrieix (contemporain du règne d'Eudes) et de Cuerdale (vers 905).

Variante de légende de droit : GRATI (sans le 2e A).


b) Légende de revers avec CIVI au lieu de CIVIS
Un peu plus tardive, mais sans doute antérieure à 930 / 950. PA 2275.
Poids légèrement inférieurs : 1,3 à 1,8 g.
Au moins un exemplaire dans le dépôt de Calatayud (c. 950-960).

D/ + GRATIA DEI REX : + ODO (avec des O cruciformes) +
R/ LIMOVICAS CIVI : croix
Variante de légende de droit avec GRACIA  


c) Légende de revers CIVS. PA 2281. Après 950 ?
Poids : 1,3 à 1,6 g.
Quatre exemplaires à Fécamp (vers 975).

D/ + GRATIA DEI REX : + ODO (avec des O cruciformes) +
R/ LIMOVICAS CIVS : croix


Variante  avec les S de LIMOVICAS et de CIVS couchés.


d) Légende de revers CVS. PA 2279-80. Vers 970.

Poids : 1,2 à 1,64 g. Diamètre : 22 mm.
21 exemplaires à Fécamp (vers 975), dont certains sont neufs.

D/ + GRATIA DEI REX : + ODO (avec des O cruciformes) +  Le D est toujours visible.
R/ LIMOVICAS CVS (S couchés) : croix

Nombreuses variantes de légende de revers
- LIMOVCAS,
LIIIOVICAS, LIHOVICAS, LMIVICAS...  
- LIMOVICAS CV

Obole d'Eudes (887-898)
Gariel XLVII, 28-29 / Prou 786-787 / Depeyrot 512 / MG 1335-1336 / MEC 977
D/ + ODO REX F : O cruciforme
R/ LIMOVICAS (S couché) : croix


On peut rencontrer des variantes mineures de légendes : S de LIMOVICAS non couché (Prou 787) ; V de LIMOVICAS ressenblant plus à un Y (Gariel 29) ;
L de LIMOVICAS avec la barre horizontale décalée vers le haut, comme sur les deniers (voir ci-contre).






Atelier de Brive ???

L'attribution à Brive n'est pas formellement établie (voir MEC 992, note p.637).

Charles-le-Chauve (840-877) ou Charles le Simple (898-929) : croix sur une face et monogramme carolin sur l'autre.
 
Denier d'un roi Charles
Gariel XXII, 47 (Charles-le-Chauve ; Brioude) / Prou 944 / MG 1429 / Depeyrot 224
D/ CARLVS REX : croix
R/ + BRIVIO VICI : monogramme
Quatre exemplaires connus.
NB : les deux exemplaires attribués à Brive, très usés et percés, découverts dans une tombe hongroise du Xe siècle, sont en fait des deniers de Guillaume d'Auvergne frappés à Brioude.
 


Obole d'un roi Charles
Depeyrot 225 / MEC 992
D/ CAILVS REX : monogramme
R/ BRIVIO VICI : croix

Exemplaire unique parfois suspecté d'être un faux du XXe s. (MEC pp. 335 & 637).
 

 

 

 

Les ouvrages de référence sont :
Depeyrot G. (1993), Le numéraire carolingien, Paris.
Gariel E. (1883), Les monnaies royales de France sous la race carolingienne, Paris.
Grierson P. & Blackburn M. (1986), Medieval European Coinage, tome 1, Cambridge.
[MEC]
Morrison K. F. & Grunthal H. (1967), Carolingian Coinage, Notes and Monographs n°158, New York. [MG]
Prou M (1896), Catalogue des monnaies françaises de la Bibliothèque nationale : les monnaies carolingiennes, Paris.