Le millares, copie chrétienne des dirhams almohades des XIIe-XIIIe siècles

A gauche sur l'image, un dirham mumini de la dynastie almohade, 1,41 g, anonyme, sans atelier ni date. A droite, copie chrétienne, 1,25 g.

Droit :     

Il n' y a pas d'autre divinité que Dieu
Il n'y a pas de commandement qui ne soit de Dieu
Il n'y a pas de pouvoir sinon venant de Dieu

Revers :     

Dieu est notre maître
Muhammad est notre prophète
La Mahdi est notre imam

Le calife Abd al-Mu'min (1130-1163), premier monarque de la dynastie almohade qui règne sur le Maghreb et l'Espagne de 1147 à 1269, fait frapper des dinars de poids réduits (2,35 g) et des doubles (4,70 g). Les inscriptions en calligraphie naskhi (et non plus en coufique) figurent dans un carré.
Pour l'argent, il crée un nouveau dirham, dit mumini, frappé sur flan carré de 1,5 g, d'argent de très bon aloi.. La plupart de ces dirhams sont anonymes et ne comportent sur les deux faces que des formules religieuses conformes à la stricte réforme religieuse almohade (de al-Muwahhidûn = "ceux qui professent l'unité de Dieu"). Ils seront frappés en très grand nombre et imités, après la chute des Almohades, par d'autres dynasties espagnoles (Nasrides...) et maghrébines (Hafsides, Mérinides...). Certains mentionnent l'atelier.

Leur succès dans le commerce de l'Ouest Méditerranéen est tel qu'ils sont aussi imités par des pouvoirs chrétiens. A partir de 1262, Jacques Ier d'Aragon fait frapper à Montpellier des "dirhams", appelées millares. Ils ont un flan plus large et moins épais, pour un poids sensiblement plus léger (1,36 g) et un aloi de 750/1000e, ce qui équivaut à 4 deniers melgoriens (frappés dans les mêmes ateliers). Les inscriptions sont les mêmes, mais avec une calligraphie dégénérée qui les rend très difficilement lisibles. Dès l'année suivante, l'évêque de Maguelonne lui fait concurrence en produisant des millares d'aloi légèrement inférieur (valant 3 melgoriens).
Mais en 1266, le pape Clément IV s'émeut de ce qu'un pouvoir chrétien (un évêque, qui plus est !!) produise des monnaies avec des légendes religieuses musulmanes : l'évêque, puis le roi d'Aragon rappelés à l'ordre arrêtent leur production. Une telle interdiction était déjà intervenue vers 1250 pour arrêter la frappe des copies de dinars (besants) dans les Etats latins d'Orient.
Cependant, la frappe des millares se poursuit à Pise, Gênes, Agde et en Aragon...

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