La monnaie du mois

Mai 2008

Un denier fourré hybride de Septime Sévère et de Géta

Voici un petit denier fortement corrodé de Septime Sévère (193-211). Il est manifestement fourré, et son poids, est un peu faible (2,50 g.). En revanche, la gravure est très fine, et la frappe bien nette.
Au droit, le buste lauré de Septime Sévère est entouré par la légende L. SEPT. SEV. AVG. IMP.XI PART.MAX., caractéristique des années 198-199. Sévère reçoit en effet sa onzième acclamation impériale (IMP.XI) le 28 janvier 198, de même que le titre de Très Grand Vainqueur des Parthes (Parthicus Maximus), et à la fin de l'année 199, il change sa titulature en SEVERVS AVG. PART. MAX. sur toutes ses monnaies, frappées par les ateliers de Rome et de Laodicée (Syrie).

Au revers, on trouve une représentation de Minerve debout à gauche, appuyée sur un bouclier devant elle, et tenant une lance renversée. Elle est accompagnée de la légende MINERV. SANCT. (Minerva sancta). Cette combinaison, totalement inconnue des monnayages de Sévère et de Caracalla, est caractéristique du monnayage de Géta, fils de Sévère, élevé au Césarat le 28 janvier 198. On la rencontre à Laodicée dans les années 200 (?)-202 (RIC 98), puis vers 203, à Laodicée (RIC 105) et à Rome (RIC 45).
En avançant à l'année précédente la deuxième émission de Géta, datée de 200, sans certitude, par Mattingly, les dates des coins de droit et de revers peuvent tout à fait correspondre. Cette monnaie serait dès lors à dater de 199, année qui voit Sévère parcourir la Syrie, la Palestine puis l'Egypte, après son ultime échec devant la forteresse de Hatra, en Mésopotamie. Si cet exemplaire est a priori non répertorié, de tels hybrides, de style semblable et toujours fourrés, ne sont pas tout à fait inconnus, surtout pour ces années.
Le style excellent du portrait est celui des frappes officielles de l'officine romaine, ce qui semblerait exclure la piste de faux-monnayeurs ou d'ateliers clandestins. D'aucuns ont pu imaginer que cette « fausse monnaie » de bien moindre valeur était produite par un atelier officiel, peut-être d'un atelier « aux armées » situé en Syrie. Les coins de droit et de revers y auraient été volontairement et systématiquement dépareillés afin de distinguer ces monnaies, une fois mises en circulation, de celles de bon aloi. Peut-être a-t-on voulu verser un subside à quelque potentat vassal à moindre frais...

 

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