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AR "Fraction de dirham" (ou obole ?), 0,61
g. Droit : لا اله الا الله محمد رسول الله
Il n'y a de dieu que Dieu, Muhammad est l'envoyé de Dieu
Revers :
محمد بن عباد امير المسلمين
Muhammad ibn 'Abad, émir des musulmans
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D'abord byzantine, puis musulmane de 837 à
1091, la Sicile connaît sous la domination normande (1091-1194)
l'épanouissement d'une société multiculturelle alliant des éléments latins,
grecs et arabes. En passant sous la domination des empereurs Hohenstauffen,
Henri VI d'abord, puis son célèbre fils Frédéric II, la Sicile
est définitivement ancrée au monde latin.
Dans le domaine numismatique,
les taris d'or et les follari de cuivre, qui associaient des
motifs chrétiens (croix latine, vierge à l'enfant...) à des légendes arabes,
laissent place à des deniers de billon à légende latine portant l’aigle
impériale, un buste ou
l'initiale du monarque.
Né en 1194, Frédéric II est roi de Sicile en
1198, puis empereur de 1220 à 1250. Elevé à la cour de Palerme, il parle
l’arabe et passe généralement pour un admirateur de la civilisation
musulmane : entouré de serviteurs musulmans ou superficiellement convertis
au christianisme, c’est un grand esprit cultivé et peu religieux qui
entretient une correspondance suivie avec le sultan al-Malik al-Kamil,
neveu de Saladin.
C'est pourtant lui qui met fin à la présence musulmane en Sicile. Politique pragmatique,
il ne
peut tolérer la régulière agitation des populations musulmanes de l'île,
notamment dans le Val di Mazzara (nord-est). Lors qu'éclate la révolte de
Muhammad ibn 'Abad (Mirabetto dans les sources latines) à Entella, elle
est réprimée dans le sang et son auteur exécuté. Les populations musulmanes de l’île sont
alors déportées à Lucera (dans les Pouilles) de 1223 à 1245.
Les petites monnaies en argent frappées au nom de Muhammad
ibn 'Abad, sont parmi les rares traces de la révolte d'Entella. On
parle traditionnellement de fractions de dirhams, par référence au monnayage
de la Sicile musulmane, mais on notera que le module et l'aspect sont plus
ceux du denier féodal et le poids est celui de l'obole.
Ibn 'Abad porte sur ses monnaies le titre d'émir des musulmans,
différent du traditionnel titre califal "émir des croyants".
Des monnaies de cuivre au nom d'ibn Abad ont été récemment étudiées
par Giuseppe di Martino. Elles mentionnent le lieu de frappe
بصقلية "en Sicile".
Pour en savoir plus :
"Le monnayage de la Sicile normande au temps du troubadour uzerchois
Gaucelm Faidit", Bulletin de la SNL, tome XI, février 2004.
Giuseppe di Martino, "Le monete de la rivolta",
http://www.stupormundi.it/monete_rivolta.htm (en italien).
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